La théorie des fractales a été émise pour la première fois par le mathématicien Benoît Mandelbrot et présentée en 1975 dans son livre fondateur : « Les Objets Fractals ».
Cette théorie mathématique, qui cherchait à rendre compte des figures et objets complexes, s’est alors étendue à de très nombreuses disciplines dont les arts plastiques.
L’Art Fractal est ainsi devenu un puissant modèle de pensée et un nouveau code visuel comme le furent le Cubisme, l’Abstraction, l’Art Cinétique ou encore l’Art Concret. *
L’année 1994 a vu la naissance du groupe des Fractaliste et la revue Art Press (N°229) a publié en 1997 le Manifeste de ce groupe, autrement nommé « Groupe fractaliste - Art et complexité » avec 11 artistes signataires : Carlos Ginsburg, Jean-Claude Meynard, Joseph Nechvatal, Miguel Chevalier, Pascal Dombis, Pierre Zarcate, Edward Berko, Cesar Henao, Jim Long, Steven Marc, Yvan Rebyj.
Des textes de présentation sur l’art et la complexité fractale de la philosophe Christine Buci-Glucksmann, de l’écrivain Susan Condé, et du critique d’art Henri-François Debailleux, ont accompagné ce Manifeste.
* Comme le précise
Jean-Claude Chirollet, l’art fractal ne se réduit au seules images fractales populaires que beaucoup voit un jour au hasard des pages d’une revue scientifique ou d’un magazine d’infographies.
L’art fractal ou le déchiffrement du monde
Classiquement on décrypte le monde à travers le regard d’Euclide, en utilisant des notions de plan, de droite, de surface, longueur, largeur, hauteur…
Mais cette géométrie euclidienne est liée au monde simple de l’époque grecque dans laquelle elle prit naissance 300 ans avant J.C : un monde organisé autour d’une mer unique, la Méditerranée, sur laquelle un homme comme Ulysse pourra naviguer pendant 10 ans sans jamais être repéré…
Aujourd’hui la seule géométrie d’Euclide est insuffisante pour déchiffrer la complexité du monde : son expansion, sa mondialisation, son chaos, ses effets papillon…
Le monde actuel vit selon d’autres dimensions et les plasticiens fractals travaillent à la représentation de cette nouvelle réalité.
En étudiant leurs œuvres (peintures, sculptures, créations numériques, installations, etc) une constante apparaît : une représentation démultipliée du réel infiniment répété mais à des échelles différentes et sans que jamais aucune figure ne perde son identité, chaque figure étant à la fois marco ou (et) micro, un univers en soi et un autre univers… l’artiste fractal s’approprie ainsi les nouvelles dimensions du monde : un monde qui a perdu son centre, un monde qui se réplique, se clone, se démultiplie, se décompose et recompose sans cesse…
Dans cette optique, les artistes fractals pensent parfois leurs œuvres comme « non finies » susceptibles d’être retravaillées, reformulées, même hybridées - l’œuvre comme l’émergence éphémère d’une hybridation : un passage.
Au fond, ce qui relie ces artistes, au-delà de leur profonde modernité, c’est leur appropriation des nouvelles dimensions du monde : un monde qui a perdu son centre, un monde qui se réplique et se recompose et dont l’artiste fractal sait apprivoiser la réinvention.
Fractal Art
« l’Algorithme de Babel » - impression numérique sous
plexiglas - 105 cm x 40 cm - 2010
l’Algorithme de Babel - autrement dit la méthode, le processus établi
par Jean-Claude Meynard pour créer ses différentes déclinaisons de
Babel - est la fractalisation de la silhouette humaine, sa
démultiplication : l'homme-graphe se déploie comme une séquence
d'écriture, une sorte de code génétique qui donne, en soi, une
figuration de l'infini.
« Le Livre Ouvert » - relief, impression numérique sous
plexiglas
90 cm x 115 cm x 25 cm - 2003
Le livre en soi participe du fractal en ce qu'il organise des tracés,
des croisements, des bifurcations, des renvois... mais ici l’artiste a
mis à jour la signification même du livre, son essence - la silhouette
humaine en constitue les pages et circule dans les réseaux de la pensée
: une arborescence active, fractale, du savoir et de l'imaginaire.
« Delta » - relief, impression numérique sous plexiglas
120
cm x 120 cm x 20 cm - 2001
Cette œuvre fractale est une re-création à partir de la figure d'Icare
crée par Meynard en 1998. Il avait représenté Icare par le mouvement
même de son vol : un corps comme une aile déployée - en forme de X ou
de double delta. Ici, l’artiste fractalise la forme d'Icare et la
démultiplie comme un essaim... l'essaim étant une des formes de la
prolifération fractale, le un et le tout, chaque élément de l'essaim
étant lui-même un essaim... des milliers d'Icare habitent désormais
l'espace du tableau et le configure en un delta géant.
« Echo » - relief, impression numérique sous plexiglas
120
cm x 90 cm x 20 cm - 2005
Cette œuvre fractale s'apparente à une pièce musicale. La silhouette
centrale qui représente un scribe, figure récurrente chez Meynard,
entre en résonance et se répète à des échelles différentes, comme dans
une gamme musicale : représentation fractale de la vibration d'une
note.
« Le Cube » - impression numérique sous plexiglas
90 cm x
120cm - 2003
Ce cube fractal est fait de cubes qui se répètent - micro/macro - à
l'infini et qui s’encastrent les uns dans les autres à la manière des
poupées russes. Une silhouette humaine démultipliée parcourt ces cubes
sans jamais pouvoir s'échapper de cette géométrie cubique. Optiquement,
cette œuvre fractale est construite sur une illusion du cube, en
réalité, l'œuvre est plate. Ce cube de l'illusion sera de nombreuses
fois repris par l’artiste, notamment dans la « Maison Fractale » où il
représentera un des éléments de la Maison.
« Le Passage » - relief, impression numérique sous plexiglas
100 cm x 200 cm x 25 cm - 2003
Cette œuvre fractale est une signalitique du temps - des
flèches de
tailles différentes parcourent l'œuvre elle-même composée en strates
superposées. Le temps est représenté comme une démultiplication de
l'espace.
Fractal Sculpture
« Le Cycle des Babels » - La Tour, La Pyramide, la Sphère.
Le cycle des Babels commence en 2007, année où Meynard conçoit la
matrice : un fractal de silhouettes humaines solidaires qui, répliqué,
multiplié, compose graphiquement les signes d'une écriture. D'abord
travaillé sous la forme d'une lithographie - en noir et blanc, ombre et
lumière - ce fractal devient rapidement le signifiant même de Babel,
son algorithme à partir duquel Meynard va penser ses futures
sculptures. Alors que, légendairement, Babel est une construction
humaine inachevée pour cause de discordance, de désunion, il décide de
réaliser une Babel unifiée par ce seul et unique motif, ce fractal de
silhouettes humaines dont la répétition - ad libitum - compose la ligne
graphique d'une écriture... les hommes deviennent des phrases infinies
et
si la Babel légendaire les montrait désunis par les langues, Meynard va
les présenter comme une chaîne d'humanité appartenant aux mêmes signes.
Cette nouvelle géométrie fractale de Babel, il va la décliner sous
trois formes architecturales emblématiques : la Tour, la Pyramide, et
la Sphère.
Ces sculptures de Babel ont été présentées en Chine (Shensen/2008 )
Turquie (Istanbul/2009) Italie (Venise, Sirmione/2009), France ( Art
Paris - Grand Palais et Villa Tamaris/2010) et trois d'entre elles sont
aujourd'hui installées dans le sud de France.
« World » - sculpture fractale acier et aluminium en forme de
sphère de 280 cm de diamètre.
Dernière née des Babels, la sculpture fractale « World » est une sphère
d'aluminium de 2 mètres 80 qui repose sur un berceau d'acier.
Appartenant au Cycle des Babels, elle a été conçue et réalisée, comme
les autres Babels, à partir d'un seul et unique motif : un fractal de
silhouettes humaines dont la répétition - ad libitum - compose la ligne
graphique d'une écriture... si la Babel légendaire montrait les hommes
désunis par les langues, Meynard réinterprète le mythe et présente les
hommes comme une chaîne d'humanité appartenant aux mêmes signes.
Cette géométrie fractale de Babel a été déclinée par Meynard sous deux
autres formes architecturales emblématiques : la Tour et la Pyramide.
Ces sculptures ont été présentées en Chine (Shensen/2008 ) Turquie
(Istanbul/2009) Italie (Venise, Sirmione/2009), France ( Art Paris -
Grand Palais et Villa Tamaris/2010) et trois d'entre elles sont
aujourd'hui installées dans le sud de France.
Fractal Installation
« Mémoire d'Icare » 10 tableaux fractals en relief - spirale
de
15 mètres de diamètre
Abbaye du Ronceray, Angers - 1998
En 1998, au cours d'une exposition collective avec le Groupe Fractal
(notamment Carlos Ginsburg et Miguel Chevalier) Jean-Claude Meynard
investit la grande nef de l’Abbaye du Ronceray (Angers/France) pour
présenter sa série des « Icares » , 10 tableaux en relief réalisés en
altuglas et métal de 120 cm x 120 cm.
Les corps démultipliés d'Icare sont suspendus - en équilibre dans
l'espace - tableaux-sculptures prient dans un enroulement où la figure
d'Icare, selon le principe fractal, se développe sans fin.
Icare est celui qui s'élève et celui qui tombe ; par définition son
mouvement est donc perpétuel.
Meynard enroule son « Icare » dans une spirale et c'est bien là son
vrai territoire, là où il peut se mouvoir, s’envoler, chuter... dans la
spirale, où est le haut, où est le bas, où est l'envol, où est la chute
? Comme le notera Susan Condé : « Le travail de Meynard reflète l'idée
de l'individu comme dynamique, celui-ci étant dépeint comme une
continuité dans tous ses états, le turbulent et le statique, l'état
humain où l'extase et le désespoir coexistent et permutent entre eux. »
Susan Condé / Extrait de « La Fractalité dans l’Art Contemporain »
Edition La Différence, Paris - 2001
« Jean-Claude Meynard présente le Monde de Babel au Grand
Palais à
la foire ArtParis avec la galerie Riff Art Projects »
18 au 22 mars
2010.
Dans le cadre de la Foire Art Paris au Grand Palais Jean-Claude Meynard
investit la totalité du stand de Riff art Projects. Le sol et les murs
du stand sont envahis par le « Monde de Babel » selon le processus
fractal d'expansion et de réseaux, spécifique à l’artiste. Les
visiteurs peuvent pénétrer et circuler dans l’architecture même de
Babel - espace fractal illimité.
« Babel, Utopie en Marches » - Installation fractale de
Jean-Claude
Meynard au Palais des Comtes de Provence à Brignoles/ Var/ France -
Juillet/Aout 2011
Dans l'esprit d'une œuvre fondée sur la représentation de la
complexité
du réel, il était naturel que Meynard travaille sur le thème de Babel.
Les films de Gilles Bastianelli, et le dernier : « Babel, la Géométrie
des Enigmes », avaient fait découvrir les déclinaisons du mythe en une
série de grandes sculptures fractales, tour, pyramide, sphère.
Pour une exposition à Brignoles, Var/ France - été 2011 - Meynard
investit la totalité de l'espace du Pôle culturel du Palais des Comtes
de Provence, les murs, l'escalier, les paliers, pour faire de ce corps
de bâtiment, le corps même de Babel, son corps intérieur.
Cette Babel Intérieure ne cherche pas à atteindre le ciel, mais joue
directement avec l'infini. La géométrie fractale de Jean-Claude Meynard
rompt les perspectives et multiplie les plans, les espaces et les
lignes d'horizon.
« Le Bus Fractal » - Un parcours géométrique de Jean-Claude Meynard dans le département des Alpes-Maritimes, France - Janvier / Février 2013
En janvier 2013, Jean-Claude Meynard réalise une double exposition « Demeures Fractales I & II » à la Médiathèque de Valbonne Sophia Antipolis et à la Salle Saint-Esprit de Valbonne Village, Alpes Maritimes, France. À cette occasion, la régie des bus de l’agglomération Valbonne Sophia Antipolis met à la disposition de l’artiste 2 bus de ses lignes régulières. Sur ces bus qui vont, chaque jour, sillonner le vaste territoire de la commune, J-C.Meynard a figuré un immense fractal de silhouettes humaines - en mouvement... une œuvre d'art à part entière, une troisième Demeure Fractale.
« Ultra Marine » - Pour le 23 ème Colloque de Mouans-Sartoux, Jean-Claude Meynard installe une Demeure Fractale « ULTRA MARINE » dans les Alpes-Maritimes, France.
Comme toujours dans les Demeures Fractales de Meynard, l'unique repère est une silhouette humaine, à la fois figure graphique et graphe universel de l'homme. Ici, c'est un nageur (1) qui parcourt la totalité de l'œuvre... il est, une fois encore, « l’adorable fantôme » dont parle Julien Gracq, celui dont le visage ne se montre jamais, parce qu'en son essence même, il est l'image obsédante qui pousse à la création.
Ce concept du « visiteur/ nageur » évoque le film de Franck Perry, «The Swimmer » (2). Il est évident que Jean-Claude Meynard a pensé ce rapprochement.
(1) Le nageur est GianCarlo Pagliasso, critique d'art italien et professeur en esthétique de l’art.
(2) « The Zwimmer » a été réalisé en 1968 par Franck Perry. Sa mise en scène, métaphorique, raconte comment l’Amérique des années 50 est entrée dans l'ère du doute et de la remise en question de ses fondements.
Fractal Architecture
« Architecture Fractale » - relief, impression numérique sur
plexiglas - 200 x 155 x 40 cm - 2004
Dans
l'œuvre « Architecture Fractale », l’artiste trace un corps dont la
démultiplication à des échelles différentes envahit tout l'espace du
tableau comme si ce corps générait le suivant et tous les réseaux du
parcours. Ces réseaux constituent l’architecture même de cette œuvre
fractale qui, sur deux mètres de haut, se déploie en surface, en
perspectives et en reliefs : quatre aplats fixés directement sur
l'œuvre sont travaillés de façon à créer une illusion d'optique donnant
la sensation physique de cubes... ainsi les corps fractals
apparaissent-ils au cœur même des perspectives démultipliées. Selon les
propos de l’artiste fractal « En choisissant telle ou telle
bifurcation, le corps fractal dessine sa propre forme par l'itinéraire
qu'il emprunte. Cette composition en arborescence complexe rappelle
l'idée de l'évolution de toutes choses et du corps en particulier qui,
à partir d'une matrice - un ADN - va s'initialiser en réseaux et
accéder au vivant. »
« Cascade Fractale » - architecture métallique, impression
numérique sur bâche - 400 cm x 800 cm x 60 cm - 2005
La
Cascade fractale a été présentée sur une des piles du pont de la ville
de Vernon (Eure, France) en 2005, puis lors de l'exposition «
Jean-Claude Meynard - Les corps Fractals » à Monaco - Création
numérique sur toile de bâche, 8 mètres de hauteur sur 4 mètres de large.
l’artiste
plasticien Jean-Claude Meynard se sert de la géométrie fractale et de
sa focale complexe pour mettre en place sur 8 mètres de haut la
représentation d'une cascade d'eau. Double représentation : la forme
connue de la cascade et en même temps sa géométrie, une géométrie
verticale et horizontale. En effet, cette cascade fractale, sous la
pression d'une fragmentation, d'une chorégraphie de spirales et de
verticales nous donne à voir - à ressentir - le mouvement même de l'eau
: l'onde.
« La Maison Fractale » - architecture, impression numérique
sous plexiglas - 240 cm x 240 cm x 60 cm - 2005
Cette architecture fractale cubique (240 cm x 240 cm) est une sorte de
« Maison-Mère » qui se clone et démultiplie sous forme de cubes de
différentes dimensions ; certains cubes sont fixés directement sur
l'œuvre d'autres sont indépendants, comme libérés de l'œuvre-mère. Une
silhouette humaine, démultipliée ponctue cette composition fractale du
réel en expansion. Cette œuvre fractale majeure a été présentée durant
cinq mois au Musée d'Évreux (2005). Elle a fait le sujet du
film « Fractal House ».
« La Porte Fractale » - architecture, impression numérique
sous plexiglas - 240 cm x 90 cm x 40 cm - 2004
Créer une porte fractale pour Jean-Claude Meynard ce fut sûrement une
évidence puisque franchir une porte c'est abandonner une perspective
pour une autre perspective. On sait que Jean-Claude Meynard, dans les
années 1990, pour représenter la complexité du réel, abandonna la
perspective euclidienne pour les principes fractals d'expansion, de
saturation, d'entrelacs et de réseaux à l'infini.
Sa Porte Fractale est en soi une perspective: le corps, la silhouette
humaine qui habite et traverse la porte est structurée par une
géométrie fractale qui tisse des parcours, tracés, chemins,
bifurcations, croisements... c'est ce système fractal de réseaux qui
crée
la profondeur, la ligne de fuite, l’au-delà, et si la porte est limitée
c'est par un miroir qui la cerne et qui aussi en démultiplie les
perspectives.
« Passage Miroir » - architecture, impression numérique sous
plexiglas - 150 cm x 250 cm x 40 cm - 2006. Cette œuvre fractale occupe
le hall d'un immeuble du Quai de Jemmapes à Paris.
Cette composition fractale figure un des ponts du Canal
Saint-Martin à Paris. Le pont, les silhouettes humaines et l'eau du
canal - le solide et le liquide - sont fractalisés de façon à créer une
vision démultipliée et globale. Les réseaux et les miroirs qui
architecturent l'œuvre donnent au spectateur la possibilité de
confronter les strates d'images entre elles à différentes échelles,
chacune correspondant à un niveau distinct de la réalité : silhouettes
humaines, remous de l'eau, courbe du pont. La géométrie fractale crée
cette vision démultipliée. Comme le dit Jean-Claude Chirollet dans son
livre « La Complexité du Regard » la discontinuité moléculaire des
œuvres fractales de Jean-Claude Meynard tend à briser l’appréhension
visuelle globale de la figure, à la dissoudre en une multitude de
fragments autonomes.
Fractal Géométrie
« Le Sablier » - relief, impression numérique sous plexiglas
et panneaux superposés - 152 cm x 117 cm x 20 cm - 2001
Collection
Musée d'Evreux.
Avec le géométrie fractale qu'il utilise comme outil Jean-Claude
Meynard construit une image du temps sous forme de sablier avec des
réseaux et des arborescences où apparaît en mouvement spiralé - en
écoulement de vie continue - le graphe de son propre visage... le
visage
du temps n'est-il pas toujours un auto-portrait ?
« Identité » - relief, impression numérique sous plexiglas
120 cm x 120 cm x 18 cm - 2001
Cette œuvre fractale est un travail sur l'identité. A contrario de
l’acception courante qui veut que l'identité soit, par essence, la
forme reconnaissable (identifiable) d'un objet ou d'un être, dans cette
représentation fractale, le sujet n'est plus reconnu mais seulement
détecté comme sur un écran radar. L'œuvre construite en carré et
structures circulaires évoque un écran radar, et le balayage de
l'espace
capte, par instants, une identité « fractale » lumineuse et
démultipliée.
« La Cabine de Pluie » - architecture, impression numérique
sous plexiglas - 250 cm x 140 cm x 40 cm - 2004
La Cabine de Pluie de 2 mètres 50 de haut est une architecture d'ondes
dans laquelle on peut pénétrer. Meynard explique: « Je suis parti de
l'idée d'un « ricochet dans l'eau » puis j'ai imaginé la suite
fractale... la démultiplication des ondes dans un espace semi-clos,
ondes
verticales, horizontales, circulaires, et leurs effets miroir qui se
font... ricochets ». L'infini de l'eau représenté comme un interminable
ricochet !
« Matrice » - relief, impression numérique sous plexiglas
110 cm x 110 cm x 20 cm - 2000
Cette œuvre fractale « Matrice » fait partie de la série des «
Infinis ». Jean-Claude Meynard aborde le concept d'infini en utilisant
comme matrice l’architecture graphique de son propre visage qu'il va
propager à des échelles différentes et sans limite sur toute la surface
de son œuvre... même chose que le passage d'une simple fiche d'identité
à
une représentation de plus en plus complexe de l'homme en tant
qu'arborescence vivante. Cette œuvre fractale est une
architecture. Elle est composée en superposition de panneaux de
plexiglas qui tous déclinent à des échelles différentes le même
graphe-visage de l’artiste fractal Jean-Claude Meynard.
Fractal Peinture
« L'escalier Fractal » - sérigraphie sur papier - 75 cm x 60
cm -
2011 (Icône de l'exposition « Babel, Utopie en Marches » Brignoles,
Var, été 2011)
La figure de l'escalier est récurrente dans l'œuvre de Meynard et
s'insère dans le cadre de ses grandes architectures fractales, comme la
Maison Fractale ou Le Passage Miroir.
En 2011, si l'Escalier Fractal de Meynard, en tant qu'escalier sans
fin, rappelle celui d'Escher (Escher a travaillé sur la géométrie de
l'infini avec des principes fractals avant la lettre) la différence de
vision entre les deux artistes reste fondamentale. L'escalier d'Escher
est une architecture du piège : c'est un escalier qui monte en
descendant et descend en montant et ceci indéfiniment, si bien que
l'homme qui s'y engage ne peut s’en échapper.
Chez Meynard, l'homme apparaît également dans la montée et la descente
d'un escalier sans fin mais il apparaît comme une figure portée,
décuplée, transcendée par tous les réseaux et perspectives fractales
qui, à la fois, l'entourent et le configurent - y compris les réseaux
de l'escalier. L'homme et l'escalier sont deux figures
inter-dépendantes et consubstantielles qui partagent le même
territoire, la même verticalité... et si l'escalier de Babel symbolise
la
montée, ce sont les hommes qui sont en état d'ascension.
« La Matrice de Babel » - sérigraphie - 60 cm x 75 cm - 2007
Le Cycle des Babels commence en 2007, année où Meynard conçoit la
matrice : un fractal de silhouettes humaines solidaires qui, répliqué,
multiplié, va composer graphiquement les signes d'une écriture.
D'abord travaillé sous la forme d'une lithographie - en noir
et
blanc,
ombre et lumière - ce fractal devient rapidement le signifiant même de
Babel, son algorithme à partir duquel Meynard va penser ses futures
sculptures. Alors que, légendairement, Babel est une construction
humaine inachevée pour cause de discordance, de désunion, Meynard
décide de réaliser une Babel unifiée par ce seul et unique motif, ce
fractal de silhouettes humaines dont la répétition - ad libitum -
composera la ligne graphique d'une écriture... les hommes deviennent
des
phrases infinis et si la Babel les montrait désunis par les langues,
Meynard va les présenter comme une chaîne d'humanité appartenant aux
même signes.
« Clone 1 » - peinture acrylique et collages - 200 X 180 cm -
1997
Cette œuvre fractale de Jean-Claude Meynard appartient à la
collection
Mesnage-Augier, elle est visible au Négresco, Nice, France.
Issue de la série «Scribes et Pharaons», « Clone 1 » est une
composition fractale majeure où l'homme est montré comme un entrelacs
de structures. Le travail des reliefs accentue l'effet puzzle et
l'homme apparaît comme un véritable rébus visuel dont le décodage
s'avère ludique mais aussi métaphysique :
«Et si l'homme n'était finalement qu'un accident de la matière . »
En outre, comme le précise l’artiste dans un livre d'interviews
consacré à cette série : « J'ai intégré des miroirs dans
mes œuvres
pour capter celui qui regarde. Ainsi le spectateur se trouve intégré à
son tour, par l'effet-miroir, dans un univers fractal chaotique et sa
propre image se brise en autant d'éclats que de miroirs qui la
reflètent, lui-même est devenu fractal. »
« Pharaon III » - acrylique sur toile - 168 cm x 132 cm - 1993
«
La peinture fractale le « Pharaon III », comme toutes celles de la
série des « Scribes et Pharaons », se présente de prime abord comme une
sorte de chaos au sein duquel l'oeil cherche son chemin sans
véritablement réaliser qu'il est en train de le créer lui-même. Si l'on
peut en effet parler de chaos c'est qu'il n'y a pas d'ordre préétabli,
pas de lecture prédéfinie de l'œuvre mais un parcours du regard qui
nous fait pénétrer dans le labyrinthe de la vie. Il revient ainsi à
chacun de recomposer la figure du vivant dans le mouvement même de la
contemplation de l'œuvre. Le temps du regard devient celui, organique,
de la vie. »
Thierry Cattan, Avril 2005
« Ici, le corps se prête à toutes les variations fractales et finit
dans
une arborescence qui est une pure poésie. »
Lydia Harambourg, Mai 2005
« Scribe II » - acrylique et collages 100 cm x 100 cm - 1993
Toute création implique un changement de disposition, le passage d'un
état à un autre, en l'occurrence d'une matière informe à une matière
formée, structurée, visible. Dans cette peinture fractale « Scribe II »
on peut voir simultanément le potentiel d'une construction et les
éléments constitutifs de cette construction comme si l'on assistait à
la naissance d'une figure, la figure du Scribe. Appartenant à la série
des « Scribes et Pharaons », cette peinture fractale de Jean-Claude
Meynard s'organise avec comme attributs constitutifs de la géométrie
fractale : le jeu des réseaux et le jeu des structures.
« Le Déjeuner sur l'Herbe » - acrylique sur toile - 208 cm
X 264 cm - 1994
Cette toile est une commande passée en 1994 par un collectionneur privé
à des artistes de renommée internationale comme Meynard, Combas, le
Gac, Menichetti, Viallat, Di Rosa, etc. Ces artistes devaient se
réapproprier le tableau mythique d'Edouard Manet « Le Déjeuner sur
l'Herbe » en réalisant à leur tour Un déjeuner sur l'Herbe aux mêmes
dimensions. A l'heure actuelle, les toiles sont toujours présentées
dans de nombreuses expositions internationales.
Le « Déjeuner sur l 'Herbe » de Jean-Claude Meynard - grande toile de 2
mètres sur 2 mètres 60 - a ceci d'exemplaire que sa juxtaposition avec
la toile d'Edouard Manet nous permet de voir, presque d'assister, au
processus fractal de création opéré par l’artiste. Pour reprendre la
pensée de Susan Condé, c'est une métamorphose du tableau de Manet qui
s'élabore ici, entre brisures et fragmentations fractales - avant de se
restructurer, tel un puzzle, dans un nouvel état.
Fractal Bestiaire
« La Roue du Paon » - création numérique - tirage sous diasec - édition originale à 8 exemplaires - 95 x 165 - 2017
Une silhouette humaine démultipliée en éventail constitue le corps du Paon qui se montre, se déploie, s'offre. Un corps qui fait la roue. Un corps-vanité. Le regard a tout le loisir de parcourir cette vanité-là, animale, humaine, fractale. En fait, ces silhouettes ne demandaient qu'à se métamorphoser selon le principe fractal de composition/ décomposition/ recomposition... et en les démultipliant à des échelles différentes, l'artiste a composé des figures animales, donnant à voir le passage du vivant d'un état à un autre état, l'aller-venir de l'homme à l'animal dans les limites fluctuantes du vivant.
« L'Oiseleur » - création numérique - tirage sous diasec - édition originale à 8 exemplaires - 170 x 120 cm
« L'Oiseleur » est une double métamorphose de la silhouette humaine et de la silhouette animale... La dominante ailée les lie l'une à l'autre.
« (...) Le concept de métamorphose est constitutif de la représentation fractale, la figure fractale étant, par définition, une forme en constante expansion, évolution et mouvement, une forme en incessantes métamorphoses.
Les formes qui apparaissent dans ce mouvement permanent se développent de manière très similaires aux arborescences que l'on peut observer dans la nature ; ces arborescences se jouent des échelles, leurs formes se développent de manière auto-similaire et envahissent l'environnement qui devient alors semblable à la forme qui l'a envahi. Par osmose, il y a fusion de la forme et de son environnement dans une même arborescence.
Dans ce phénomène de métamorphose, de passage d'un état à un autre, les repères du vivant se trouvent brouillés... Qui est quoi ? Les définitions sont à remettre en cause, en doute, en questions. » (Extrait de la préface de « L'Animal fractal que je suis »)
« La Féline » - création numérique, tirage sous diasec - édition originale à 8 exemplaires - 120 x 170 cm - 2014
La Féline renvoie au concept du « camouflage ». « (...) L'aspect formel du camouflage est très similaire à la représentation fractale du réel. En effet, le principe du camouflage est de fondre, confondre le sujet - ici un « Scribe » à son environnement afin que le regard ne puisse pas le discerner, le repérer, l'identifier. Le fractal, quant à lui, par nature proliférant et se répliquant à l'infini à des échelles différentes, crée lui-même sa propre diffusion, sa propre prolifération, pour ainsi dire, son propre environnement. Fractal et camouflage provoquent chez l'observateur la même sensation de vertige et de perte de repères. Pour abolir cette confusion, il faudra que le regard de l'observateur devienne actif, qu'il déchiffre, reconstruise des repères, expérimente des figures possibles. Patience du regard ! »
( Extrait du livre L'Animal Fractal que je suis » - Chapitre « Camouflage »)
« Pégasus » - création numérique, tirage sous diasec - édition originale à 8 exemplaires - 120 cm x 160 cm - 2014
C'est par la démultiplication infinie de la silhouette humaine à des échelles différentes que Meynard a créé la figure fractale de son Pégase, donnant ainsi à voir le passage du vivant, d'un état à un autre état, l’aller-retour de l'homme à l’animal, dans les limites hésitantes, fluctuantes, du vivant... le vivant n'est pas dans l'image fixe, il est dans le mouvement.
« Nautilus » - création numérique, tirage sous diasec - édition originale à 8 exemplaires - 120 cm x 165 cm - 2014
A la frontière de l'homme et de l’animal, est-ce que la nature hésite ? Avec le « Nautilus » qui, tel une origine du monde, tient dans sa courbe de conque, des corps humains nus, à naitre, Meynard rompt l'ordre convenu, l'ordre appris, la grande séparation : homme, animal... Il instaure un mélange des territoires, une abolition des frontières, qui oblige à un nouveau regard, une nouvelle intelligence. Où commence l’animal ? Où finit l'homme ? Cette œuvre fractale a fait la couverture du livre « l’Animal Fractal que Je suis »
« Bélier - dyptique » - création numérique - tirage sous diasec - édition originale à 8 exemplaires - 165 cm x 120 cm - 2015
Les cornes du Bélier sont une recomposition de la courbe du Nautilus... Il y a là une mise en œuvre puissante du principe fractal qui intègre le jeu même de la création : ordre, chaos, ordre. « Perturbations créatrices » dira l’artiste qui, sans cesse, va jouer de cet ordre et de ce chaos, pour que, du bouleversement, surgisse une image nouvelle, inconnue. Il s'agit pour Meynard de montrer la vie comme un algorithme sans fin ni limite, immense fractal composé de flux et arborescences d'où jaillit par instants une « figure identifiable » mais qui aussitôt s'échappe vers une autre métamorphose... approche prémonitoire des bouleversements et métamorphoses du XXIème siècle.
Le livre « L'Animal fractal que Je suis » de Jean-Claude Meynard - 2018 - Éditions Connaissances et Savoirs - 220 pages - version papier/broché et version eBook
Co-signataire du Manifeste Fractaliste en 1997, Jean-Claude Meynard est l'un des acteurs majeurs de ce courant artistique. A partir de la géométrie fractale, il a élaboré une esthétique nouvelle qui donne sa dimension à l'homme du XXIème siècle.
De l'hyperréalisme de ses débuts à ses grandes séries sur la complexité, son parcours n'est pas linéaire mais s'apparente à une arborescence fractale en constante évolution, l'artiste allant d'un mode opératoire à l'autre : peintures, sculptures, scénographies, créations numériques, architectures et Demeures Fractales - et d'une représentation formelle à une autre par un recours constant aux jeux des Métamorphoses, Hybrides et autres Mutations...
Avec « L'Animal Fractal que je suis », intitulé qui pose d'emblée une redéfinition de l'homme, J-C Meynard nous invite à reconfigurer, avec des outils nouveaux, notre vision du monde.
Deux grandes parties composent le livre : un Abécédaire qui décline, par mots-clés les facettes multiformes du travail de l'artiste et « Pour Suivre » qui regroupe, par thèmes, les écrits critiques et analytiques sur son parcours de plasticien.